Bonjour, c’est bientôt la fin de l’été mais pas de la sécheresse ☀️, alors plongeons ce mois-ci et le prochain dans la consommation d’eau du numérique.
💧 Consommation d’eau (partie 1/2)
À priori nos appareils n’aiment pas l’eau. Pourtant il en faut beaucoup pour les fabriquer et les refroidir. Un problème de plus en plus critique alors que l’eau vient de plus en plus à manquer.
Mais compter l’eau consommée par le numérique “dans l’absolu” n’a pas beaucoup de sens sans la lier aux contextes spécifiques (structure des bassins versants, lien avec le vivant, usages humains…) et aux formes variées d’eau (potable, usée, naturelle). Cette complexité invite à favoriser des approches territoriales, qui permettent de rendre compte de manière plus concrète des impacts et les tensions sur l’eau, que ne le font les approches comptables qui ont tendance à masquer cette complexité.
L’année dernière Nicolas Nova rédigeait une excellente synthèse sur l’empreinte hydrique du secteur. La fabrication de semi-conducteurs ainsi que l’extraction et le raffinage des matières premières requièrent une grande quantité d’eau, là où le stress hydrique des territoires est déjà très présent, provoquant des conflits locaux. Quand aux centres de données ils sont souvent localisés dans des centres urbains et rentrent en compétition avec des usages de base. Olivier Ertzscheid publiait cet été un long post de blog sur le sujet.
Eau et centres de données
Commençons par parler de l’eau pour refroidir les centres de données. Depuis plus de 10 ans, de nombreuses approches sont imaginées : pompage des cours d’eau, échange de chaleur avec les nappes phréatiques, utilisation d’eau de mer, d’eaux usées, immersion en mer, ou flottant, ou même évaporation.
Cette consommation en eau a un indicateur : le WUE (Water Usage Effectiveness) qui mesure le nombre de litres nécessaires par kWh consommé. En France des acteurs comme OVH ou Scaleway annoncent une consommation plus faible que la moyenne, de l’ordre de la moitié de ce à quoi s’est engagé le groupement d’opérateurs européens “climate neutral data-centre”. Malgré ces efforts, la consommation du secteur croît. Tout simplement parce que nous construisons toujours plus de data-centers. Google a par exemple vu sa consommation augmenter de 20% en 1 an, pour atteindre 21 milliards de litres.
Toutefois, il règne une certaine opacité dans le secteur. Les chercheurs ont du mal à avoir accès aux données, et les habitants ne sont pas mieux logés : dans l’Oregon, les habitants ont dû se pourvoir en justice pour connaître l’accord entre Google et la mairie sur sa consommation d’eau.
La compétition sur le déploiement de systèmes d’IA très gourmands en calcul, explique partiellement cette augmentation. Un papier (qui n’a pas encore été évalué par des pairs) estime qu’il aura fallu 700 000 litres d’eau pour refroidir les data-centers pendant la seule phase d’entraînement de la version 3 de ChatGPT. Et qu’une conversation de 25 à 50 questions consommerait un demi-litre d’eau.
Les big-techs communiquent sur des engagements ambitieux de reconstitution des stocks d’eau. Mais comme pour les crédits carbone qui promettent de planter des arbres, et dont les limites sont largement connues, ce travail semble externalisé, et ne concerne pas toujours les lieux où l’eau est puisée.
Conséquence, les tensions entre data-centers et territoires assoiffés sont nombreux : en Uruguay, au Chili, dans l’Oregon ou en Arizona. Plus près, en Espagne, les activistes s’organisent contre l’implantation de Facebook. Même à Londres où l’opérateur d’eau s’inquiète.
Cette dépendance à l’eau devient même le talon d’Achille de certains data-centers, comme celui de la NSA dans l’Utah, ou l’usage de l’eau a été utilisé comme levier par des activistes anti-surveillance. Au Chili, l’eau devient même un vecteur puissant de mobilisation, plus que les enjeux de surveillance ou de souveraineté jugés trop abstrait. Le chercheur S. Lehuedé parle de “résistance élémentaire”.
Attention, ne regarder que la consommation d’eau pour refroidir les data-centers peut être trompeur. Aux États-Unis par exemple, la consommation d’eau pour la production de l’énergie nécessaire au fonctionnement des data-centers serait serait environ 5x supérieure à celle utilisée sur site.
Actus du projet Limites Numériques
Nous avons le plaisir de vous présenter le début d’un gros travail : 10 pistes pour concevoir des paramètres écologiques. Et on commence avec une première piste : Des paramètres pour vivre avec un téléphone vieillissant. Dans cet article mené par Camille et Thomas, nous explorons des paramètres pour pallier la perte d’une fonctionnalité ou rendre la casse (écran, bouton) moins gênante ; de choisir le destin automatique des applications en cas de stockage saturé, ou encore un OS optimiste pour accepter positivement l’obsolescence.
Si vous voulez en parler avec nous ou organiser une présentation n’hésitez pas à nous contacter !Si ce travail vous intéresse, vous pouvez nous retrouver à Bordeaux le 10/11 pour une courte présentation ou regarder le replay de notre intervention récente à Nantes.
À l’occasion de l’évènement Numérique en Commun[s] le 19 octobre, nous présentons aussi pour la première fois un deuxième gros travail : 24 leviers pour réduire l’empreinte environnementale du numérique, chacun accompagnés d’une bibliothèque d’inspirations.
Nous animerons aussi une conférence-atelier un peu particulière pour comprendre les impacts du numérique. Venez nombreux·ses.
Régulation
À partir de 2027, tous les smartphones vendus en Union Européenne devront avoir des batteries amovibles. 🔥
Du nouveau dans le forfait réparation : la création d’un Comité National de la Réparation et une augmentation de 5€ du forfait – encore trop peu pour atteindre le seuil psychologique de 30% du prix du neuf, au-dessous duquel les consommateurs préfèrent racheter neuf –.
Sans limites 🙃
Cette poubelle physique avec écran – qui a nécessité pas mal de matériaux à sa fabrication – supprime la corbeille de vos mails et vous donne surtout bonne conscience… (avec des chiffres complètement exagérés de l’ordre de x1000).
En vrac
Des plans pour un ordinateur avec une autonomie de plus d’un an (Bon vous ne ferez pas tourner Diablo IV dessus hein).
Le Fairphone 5 est sorti, avec des pièces encore plus faciles à changer et surtout une garantie rare chez les smartphones de 5 ans et des mises à jour garanties jusqu’en 2031. 👏
De son côté Nokia lance son nouveau smartphone à réparer soi-même et avec une batterie longue durée.
Et si vous êtes du genre bidouilleur-bidouilleuse, ce jeune homme a imaginé un smartphone à monter soi-même.
Framework a sorti un nouvel ordinateur portable encore plus modulaire avec entre autres, une carte graphique détachable, un clavier déplaçable, la possibilité d’ajouter un écran led entièrement programmable (pour y afficher texte, état de la batterie etc).
En Espagne, une usine d’extraction de minerais à partir des déchets électroniques est en planification.
Vos anecdotes
Timothée nous raconte que pour valider son Identité Numérique en ligne (service de La Poste indispensable pour se connecter à certains services publics) il est obligatoire d’installer l’application. Sauf qu’elle ne fonctionne pas sur les OS alternatifs comme /e/OS sur son Fairphone. Il a dû donc ressortir un vieux smartphone du tiroir pour pouvoir faire des démarches essentielles.
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Anecdote sur l'anecdote : il n'est pas réellement obligatoire de passer par l'application de la Poste pour valider son identité numérique. J'avais trouvé un autre moyen, qui consiste à demander une vérification de son identité en bureau de poste (on reçoit un recommandé et en allant le récupérer à la Poste, cela valide notre identité). J'ai donc fait cette démarche et la réponse devait se faire sous deux semaines il me semble. Finalement, étant pressée car j'effectuais une demande de financement pour une formation, je réalise l'inscription par l'appli. J'ai un peu oublié ma démarche initiale, le temps passant. Je crois avoir finalement reçu le courrier recommandé 8 semaines après ma demande.. 🤡
Donc, on peut se passer de l'appli mais il faut pas être pressé !
Bonjour à tous! Merci pour cet article qui propose également des pistes intéressantes pour concevoir des paramètres écologiques, notamment en ce qui concerne l'utilisation des téléphones vieillissants. Ces paramètres offrent des solutions pour pallier la perte de fonctionnalités, réduire les dégâts en cas de casse et adopter un système d'exploitation plus optimiste face à l'obsolescence. La révolution numérique a déclenché une transformation profonde dans le tissu même des entreprises, remodelant radicalement leur façon de fonctionner. Au cœur de cette mutation se trouve la transition vers le télétravail univirtual, un phénomène de plus en plus répandu qui s'inscrit dans le cadre plus large de la transformation numérique et digitale des organisations. La transformation digitale (https://www.univirtual.ch/fr) implique l'intégration généralisée de technologies digitales dans tous les aspects des opérations commerciales. Cela va de l'adoption de logiciels de gestion et de communication en ligne à la mise en place de plateformes de collaboration virtuelle et de services cloud. Ces technologies ont permis aux entreprises de revoir leurs modèles opérationnels traditionnels, offrant une agilité accrue et une capacité à s'adapter rapidement aux évolutions du marché. Le télétravail est l'un des aspects les plus visibles de cette transformation digitale des entreprises univirtual. Il permet aux employés de travailler à distance, souvent depuis leur domicile, en utilisant des outils numériques pour rester connectés et productifs. Cette transition vers le télétravail a été grandement facilitée par l'essor des technologies de communication en ligne, telles que les visioconférences, les plateformes de collaboration et les outils de gestion de projet.